L’Europe de Monnet et de Schuman

 

A l'heure où l'élargissement se profile en direction des pays de l'Europe centrale, la pensée des fondateurs est sans doute à redécouvrir. Si Monnet et Schuman avaient bien compris que le projet européen ne pouvait se réaliser qu'au moyen de décisions concrètes, ils croyaient également qu'une Europe fondée sur les seules procédures ne susciterait jamais aucun enthousiasme.

 

Le projet européen, qui a pris corps à une époque où les structures économiques et politiques des principaux pays étaient en ruine, constituait une voie de reconstruction, fondée sur le pardon des anciens ennemis, reconstruction dans laquelle entraient la conception d'un bien commun et les sentiments d'alliance et de solidarité.

 

Les temps ont changé, les acteurs aussi, mais faut-il désespérer des capacités de l'Europe à renouer avec les idées des fondateurs, alors que bien souvent l'on semble assister à la mise en place d'une Europe uniquement préoccupée d'économie et éloignée des citoyens ?

 

Si l'élargissement de l'Union n'est pas uniquement la conquête d'un nouveau marché pour les entreprises de l'ouest mais une intégration, alors cela demandera aux anciens membres des efforts équivalents à ceux de la RFA par rapport à la RDA au moment de l'unification de l'Allemagne. Cela représenterait un effort de solidarité vis-à-vis de quelques-uns des ex-pays communistes parmi les mieux lotis.

 

La mise en oeuvre d'une politique sociale n'est-elle pas un autre sujet qui permettrait de renouer, au-delà du nécessaire volet économique, avec les intuitions des fondateurs ?

 

Une telle construction est vaste et mal connue, toujours à expliquer aux générations qui n'en voient parfois que les contraintes. Il n'est pas sans importance que nous sachions revenir aux sources de cette fondation pour faciliter la prise en compte de la pensée humaniste dans la poursuite du développement de l'Union. L'avenir de ce nouvel ensemble est en bonne part entre les mains des éducateurs : quelle vision de l'Europe enseignent-ils, celle d'un club fermé ou celle de citoyens attachés aux valeurs de partage et de solidarité ? Une Europe forte pour quel rôle international, pour quelle culture ?

 

Notes d'après "Des chrétiens pensent l’Europe "
Les éditions de l’Atelier
cf. également, "Pour l’Europe ", Robert Schuman