REFLEXIONS SUR L'IDENTITE
ou comment I’UCAPE peut contribuer à désamorcer d'éventuels conflits !

 

L'identité est depuis quelques années un concept à la mode.

Du sport à la publicité en passant par la gastronomie, on le rencontre partout, sans oublier les inévitables crises d'identité !

Pendant longtemps, l'identité nationale fut une préoccupation récurrente dans les médias ou les discours politiques. « Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés ».

Cette phrase écrite par Péguy pour exalter le patriotisme des jeunes Français avant la guerre de 1914 avait pour but de préparer au combat contre l'ennemi « héréditaire » qui, à l'époque, était l'Allemand. Quelques siècles avant, c'était l’Anglais qu'il fallait « bouter hors de France ».

 

De se battre ensemble pour une même cause rapproche les citoyens d'un même pays : en 1914, Flamands et Wallons étaient unis, à l'Yser, contre l'ennemi commun et les Bretons comme les Picards ou les Gascons ont combattu pour la France, leur patrie.

 

Dans les états récents ou encore en gestation, le nationalisme, corollaire politique de l'identité, est porté par une très lourde charge émotionnelle : un Irlandais, un Québécois, un Palestinien sont des patriotes engagés parfois au risque de leur vie pour la cause de leur nation.

 

Au contraire, dans la plupart des pays occidentaux, le nationalisme, est apparu porteur de connotations négatives. Le concept d'identité a semblé plus neutre. Gardons-nous de diaboliser les mots ! Au contraire, essayons de rester sereins : le sentiment identitaire est en fait comme beaucoup de choses dans la vie : un peu est utile, beaucoup comporte des risques de graves dérives. C'est comme le stress : à petite dose, il est maîtrisé et aide au dépassement de soi, sinon il domine et déstabilise donc devient dangereux. Il ne faut pas perdre son identité: voyez comment la Russie d'aujourd'hui est déstabilisée faute notamment d'une conscience identitaire prégnante. Par contre, les Flamands, les Catalans, les Écossais ou les Slovènes qui ont une claire vision de leur destin se portent assez bien ! Une forte capacité d'auto identification pousse un peuple à l'autonomie ou à l'indépendance et même au renforcement de soi. Il nous faut donc être attentifs à la naissance de ces identités collectives nouvelles sur notre continent et les reconnaître avant que cela ne dégénère pendant des décennies comme en Irlande ou au pays basque, par exemple : en permettant à chaque groupe de vivre normalement son identité, on évitera les risques d'un nationalisme agressif qui, en ce 21e siècle, fera peut-être bien des dégâts en Europe.

 

Les Balkans, de manière tragique, ou l’Autriche, de manière insidieuse, sont hélas peut-être les premiers exemples d'une longue liste : en ce sens, la Belgique, passée en 40 ans d'un état unitaire à un état fédéral avec des régions et des communautés largement autonomes, est sans doute un exemple de ce qui peut être fait, parfois dans la douleur, toujours dans la difficulté, mais jamais dans le sang.

 

Notre monde déboussolé qui aboutit à créer une masse de consommateurs interchangeables par la langue, les mœurs et la culture uniformisés sur un vaste territoire, n'aboutira qu'à favoriser et à servir les marchés des multinationales.

Gardons donc une identité forte mais sans tomber dans le fanatisme identitaire, nihiliste ou religieux. Les extrémistes de l'identité ont plutôt le vent en poupe et il faut craindre qu'ils ne soient à l'origine de conflits régionaux à venir.

L’UCAPE, par son action, agit dans un but exactement inverse. Nos rencontres, nos échanges vont dans le sens de la compréhension de l'autre, de notre intérêt pour sa différence que nous reconnaissons volontiers tout en préservant la nôtre. J'ai le sentiment que nous luttons, par notre travail quotidien, contre les Ayatollahs : ce que nous faisons est à la fois une protection et une valorisation de nos patrimoines respectifs. Notre colloque d'octobre en est une belle illustration.

                                                                                                                  

Jacques DANDOIS

                                                                                                              Président