Colloque des jeunes en Normandie

8 au 11 mai 2002

UNE EXPERIENCE REUSSIE

 

La rencontre que L’UCAPE a souhaité engager vis-à-vis des jeunes s'est concrétisée lors du colloque en Normandie du 8 au 11 mai 2002. Sa mise en oeuvre a grandement été facilitée par son inscription dans le cadre d'un projet européen sur la citoyenneté.

 

Les établissements qui n'ont pu ou pas souhaité se libérer durant ce long congé ont privé leurs élèves d'une expérience enrichissante. Mais celles et ceux qui sont venus ne regrettent pas. N'est-ce pas l'essentiel ?

 

Un bilan complet sera réalisé dans les semaines à venir. Dès maintenant, il est possible de donner quelques échos sur cette rencontre qui, malgré quel­ques améliorations à apporter, s'est déroulée dans un esprit très positif et semble avoir satisfait les attentes des participants jeunes et adultes.

 

L'un des groupes, lors de la mise en commun, a tenu à remercier les organisateurs et signale même : « Si un autre colloque doit avoir lieu, nous serions ravis d'y participer. Nous avons adoré. Un grand merci ! ». Leur merci va à leurs professeurs qui ont pris du temps pour eux et avec eux, aux membres de l'UCAPE qui ont participé à la préparation et à l'organisation sur place. Il faut notamment mentionner les établissements de Douvres-la-Délivrande qui ont su mobiliser des personnels durant une période de congé scolaire. Sans cette logistique adaptée, nous n'aurions pas pu réaliser le programme prévu. Que soient tout spécialement remerciés Mme Robiolle de Coutances et MM. Sanson et Guillon de Douvres-la-Délivrande.

 

Ce sont donc quelques 120 jeunes et une trentaine d'adultes qui ont répondu à la proposition de l'UCAPE:

 

pour la Roumanie, le lycée Grigore Ghica de Dorohoi.

Pour la République tchèque, le lycée J.N. Neumanna de Ceské Budéjovice.

Pour l'Espagne, le lycée Saint-Louis des Français de Madrid.

Pour la France, le lycée Jeanne Perrimond de Marseille qui est venu avec quatre jeunes Chinois qui étudient en France, le lycée Sainte-Agnès d'Angers, le lycée J.B. Vatelot de Toul, le lycée Saint Vincent de Senlis.

Les collèges Guérard de Coutances et Notre-Dame de la Ferté-Macé ont participé partiellement.

Nous ne saurions oublier la Belgique, représentée par notre Président et son épouse.

 

Dès le mercredi soir, malgré le voyage, les élèves se sont retrouvés par groupes pour une prise de contact et un premier échange sur leur vie scolaire et différents sujets de leur choix. Lors de la présentation des établissements qui a suivi, le groupe des Espagnols a offert un spectacle de chants et de danses qui a été grandement apprécié.

 

Le jeudi s'est partagé entre les visites du Mémorial de la Paix à Caen, de la Pointe du Hoc et du cimetière Saint-Laurent. Cet immense cimetière a beaucoup marqué les esprits.

Il est sans doute plus facile après ces visites de comprendre pourquoi, au sortir de la guerre 39-45, les Européens se sont engagés dans un processus de rapprochement, de paix et de démocratie. Ce n'est pas par hasard si la Normandie a été choisie comme terre d'accueil de ce colloque.

 

En soirée, pour introduire la visite du lendemain au Mont Saint Michel, M. Jean Margueritte, pèlerin de Saint Jacques de Compostelle, est venu présenter le rôle du Mont dans cet impressionnant pèlerinage de Saint Jacques, aujourd'hui encore très fréquenté. La présentation aurait sans doute gagné à être illustrée par des diapositives pour mieux soutenir l'intérêt des élèves qui n'étaient pas tous Français et un peu fatigués.

 

Le vendredi a été consacré à la traversée des grèves depuis le Bec d'Andaine, vers le Mont Saint Michel. Sable, boue, rivières à franchir, ont permis, au long des sept kilomètres parcourus en deux heures, d'intensifier les échanges et les contacts variés. La visite du Mont a dû laisser quelques regrets car la foule était si dense qu'il était difficile de se promener dans les ruelles étroites.

 

Au retour, les élèves étaient conviés à un concert reprenant des musiques de paix de toute l'Europe. Une autre occasion de lier des contacts.

Le samedi, avant le départ, les groupes ont fait un bi­lan à chaud de cette expérience. Alternant avec la présentation audiovisuelle de quelques établissements présents, les rapporteurs ont présenté le bilan élaboré le matin.

 

A regret, il était temps de repartir chacun de son côté, avec un espoir mentionné dans le rapport d'un groupe : « Ce colloque nous a donné de l'espoir pour la construction européenne ». Si tel est bien le cas, le but recherché est bien atteint.

 

Très parlantes sont les réactions des jeunes dont voici quelques extraits, en avant-première :

 

« J'ai appris beaucoup de choses sur la vie des jeunes des différents pays. Je suis impressionnée par le fait que les Espagnols sont toujours heureux. Dans le même temps, j'ai enrichi ma culture générale ».

 

« On a pu faire connaissance avec d'autres jeunes, parler de notre culture, de nos modes de vie. Tout le monde ou presque s'attendait à de tels échanges. Malgré cela, le bonheur de pouvoir échanger est resté très fort. Mais on s'est tous accordés sur le fait que le colloque a été trop court ».

 

« Ce qui nous a le plus marqué, c'est ta traversée des grèves du Mont Saint Michel, Puis le Mémorial de Caen. Certains ont trouvé choquant le fait que l'on nous présente la vérité de la guerre 'en rose' (ils ont l'impression que la vérité leur a été cachée) ».

 

« Qu’est-ce qu’être citoyen européen ? Pour nous, c’est faire l’effort pour se ‘mélanger’ et vivre ensemble. On trouve cela facile. Grâce à ce colloque, cela renforce notre point de vue. »

 

« Nous avons échangé sur les différents mode de vie des jeunes, sur la musique, , les différents systèmes scolaires, la gastronomie, les traditions, les régimes politiques... ».

 

Cette rencontre a semblé trop courte. Il est vrai que le programme était chargé. Quelques moments supplémentaires d'échange par groupes et de sport auraient sans doute été les bienvenus.

Mais les jeunes sont repartis satisfaits du projet proposé, enrichis de culture et d'échanges. Ils auront sans doute l'occasion de décanter tout cela dans leur école ou par eux-mêmes.

S'il y a quelques points à améliorer, il est certain que les aspects positifs l'ont largement emporté puisque les jeunes réclament que de telles propositions puissent leur être à nouveau faites.

 

Le succès de ce colloque est dû en grande partie aux jeunes eux-mêmes qui ont accepté de sortir de leur contexte habituel de relations pour aller à la rencontre des autres. Ils ont su profiter au mieux de ce qui leur était proposé, ne mettant pas en avant les petites imperfections inhérentes à toute vie de groupe important. Malgré un temps pas très clément, ils ont su faire preuve d'une réelle maturité (plus difficile dans les dortoirs !) ce qui a réjouit accompagnateurs et organisateurs. Cela peut également signifier que si des établissements savent s'investi pour leurs élèves (sur l'Europe ou sur d'autres sujets), ils sont normalement récompensés de leurs efforts car les élèves le leur bien.

 

L'un des symboles de l'Europe, l'hymne, a été repris plusieurs fois, dont au Mont Saint Michel, avec des paroles adaptées au colloque. Il semble que les élèves ont bien retenu ce qui servait de refrain : « L'avenir sera notre affaire, nous devons nous y préparer, les Européens sont frères, apprenons à partager ». C'est vraiment ce qu'ils se sont efforcés de vivre réellement durant ce colloque.

 

Un peu plus d'Europe s'est sans nul doute construit en Normandie grâce à l’UCAPE. Merci aux établissements participants qui sont venus avec des élèves motivés et agréables. Plus que dans les classes, c'est bien par les rencontres qu'il sera possible de faire progresser l'idée et la réalité de l'Europe. Penser à une autre rencontre semble nécessaire.

 

André Pignol

 

Hymne européen

 

pour le colloque UCAPE de Normandie

(8-11 mai 2002)

 

Musique: Ludwig van Beethoven

Paroles: André Pignol

 

Jeunes, venus de toute l'Europe

Afin de nous rencontrer

Profitons de ce colloque

Pour nous connaître, échanger

 

L'avenir sera notre affaire

Nous devons nous y préparer

Les Européens sont frères

Apprenons à partager

 

Que saint Michel, l'archange,

Protège tous nos débats

Nos visites, nos échanges,

Tout comme nos joyeux ébats

 

L'avenir sera notre affaire

Nous devons nous y préparer

Les Européens sont frères

Apprenons à partager

 

De cette terre normande

Qui connut bien des combats

Repartons forts pour étendre

La Paix dans tous nos États

 

L'avenir sera notre affaire

Nous devons nous y préparer

Les Européens sont frères

Apprenons à partager

 

Que l'espérance soutienne

Nos envies de progresser

Que notre action quotidienne

Fasse grandir l'amitié

 

L'avenir sera notre affaire

Nous devons nous y préparer

Les Européens sont frères

Apprenons à partager


L’EUROPE DES CIVILISATIONS
ET
L'UCAPE

 

L'histoire de l'Europe s'étale sur plus de deux millénaires. Elle a été faite d'un étroit tissu de rivalités, d'alliances modifiées au gré des intérêts des princes, de massacres de peuples pour la gloire de quelques-uns. Quand elle est née, l'union européenne ne pouvait avoir pour objectif que la négation de ce triste passé : empêcher le renouvellement de ces horreurs. Les efforts fournis depuis quelques décennies ont porté surtout sur l'effacement des traces de ce passé si lourd à accepter.

 

Ensuite, la construction positive a pu être envisagée. Mais, contrairement aux États-Unis d'Amérique, nous ne formerons jamais un ensemble homogène : nos cultures sont trop enracinées pour y parvenir. D'ailleurs, est-ce souhaitable ? Ne faut-il pas, au contraire, les préserver en les confrontant pacifiquement ?

 

A quoi dire « oui » aujourd'hui ?

 

Élever le niveau de vie, lutter contre l'inégalité, restreindre les foyers de violence : autant d'objectifs auxquels chacun adhère. Mais il en faut plus pour provoquer l'enthousiasme : il ne naît que d'un projet qui fait grandir l'espoir. Cet objectif est près de nous : c'est le regard tourné vers la Méditerranée.

 

Une Europe des civilisations de la Méditerranée

 

En orientant son colloque vers le sud de l'Europe, l'UCAPE a voulu marquer son adhésion à un projet de construction d'une Europe plus large même que celle qui irait de l'Atlantique à l'Oural. Les hommes et les femmes qui vivent autour de ce que les Romains appelaient la Mare nostrum nous semblent être tous des Européens issus de cultures proches et brillantes. Pus de 400 millions de personnes vivent autour de ses rives. Certaines d'entre elles sont déjà des « citoyens européens ».

 

C'est le cas de la France, de l'Espagne, de l'Italie et de la Grèce. Des évolutions démographiques fondamentalement différentes, des élévations du niveau de vie en rien comparables vont rendre la proximité des pays riches et pauvres plus que difficilement supportable. Alors que les quatre pays cités ne parviennent plus à renouveler leur population, (ils en seront encore environ à 165 millions d'habitants d'ici 25 ans), au sud et à l'est de la Méditerranée, la population aura augmenté de 50 % dans le même laps de temps !

 

Par ailleurs, le niveau de vie des pays riverains intégrés à l'union est d'environ 20 000 euros par an et par personne. Les non-citoyens européens qui vivent autour de la Mer Méditerranée en sont à 5 000 euros. Les prévisionnistes pensent que l'écart ira en augmentant pour passer de 1 à 5 ou pire encore !

 

Sans nous en tenir à des sentiments de justice et d'équité, il est clair que de telles différences à nos portes ne pourront longtemps être acceptées par les plus pauvres. Car, nous nous arrangerons volontiers pour ne rien voir d'autre que les monuments anciens, les marchés colorés, le soleil et la mer!

 

Le danger est à nos portes et nous délibérons ! Car, il y a beaucoup à proposer et ce qui nous rassemble est fondamental, plus que ce qui réunit les Quinze actuellement : pour les nations méditerranéennes et toutes celles qui ont hérité de cette civilisation, la culture sera le ciment d'une unité à construire. Sans que nous y pensions chaque jour, il n'en reste pas moins qu'Archimède, Platon, Jésus, Mahomet, Averroès, Pythagore et Akhenaton sont ceux dont nous avons hérité la pensée. Notre vision du monde est marquée par leur influence. Notre regard sur la vie, sur le monde, sur nous-mêmes, est nourri de la pensée des peuples qui vivaient autour de la Méditerranée.

 

Tirons-en des conséquences ; que toutes les nations qui partagent cet héritage puissent dire un jour : « Ma patrie, c'est la culture méditerranéenne ». Alors, l'Europe prend une autre dimension car comment refuser aux Brésiliens, aux Mexicains ou aux Québécois le droit de le dire aussi ?

 

Ce n'est pas le moment, me dira-t-on. Il y a trop de tension avec le monde arabe. Pour ceux qui ne veulent pas bouger, ce n'est jamais le moment. Pour ceux qui veulent réaliser une partie de leurs rêves, c'est toujours le moment de se mettre en marche.

 

C'est un petit pas dans cette direction que l’UCAPE a voulu faire en organisant son colloque autour de la lumière de ces pays où tant d'idées ont pu éclore à travers les siècles.

 

Jacques Dandois,

Président