Actes du colloque

“ QUELLE EUROPE POUR DEMAIN ? ”

Synthèse des travaux des 180 jeunes

Ecossais, Français et Italiens

réunis dans les locaux du Liceo Scientifico "T. Patini"

à Castel di Sangro le

 

25 MAI 2006

 

 Liliana Milo, professeur de français
au lycée Patini anime la mise en commun

1. Quels sont pour vous les aspects positifs de la construction de l’Europe unie jusqu’à nos jours ?

 

L’Europe c’est la paix après la disparition des guerres.

 

L’Europe permet de faire respecter les droits de l’homme. Par exemple, le respect entre les personnes au-delà des croyances et des différences, ainsi que le développement d’une justice européenne.

 

Après cinquante ans d’unification depuis 1957, on observe une plus grande unicité du continent, un rapprochement des Etats, l’intégration progressive des pays. La mise en place des institutions européennes comme le Parlement européen, la Commission de Bruxelles a permis de progresser vers des réglementations plus proches.

L’élargissement est un autre point reconnu comme très positif, et, à travers la mise en œuvre de politiques européennes type PAC, le financement du développement des pays candidats et nouveaux entrants.

L’Europe unie a permis le progrès social, l’élévation du niveau de vie, l’adoption de normes communes de consommation et la prise en compte du respect de l’environnement.

 

La différence des idées, qui permet les débats et l’enrichissement mutuel, le partage des cultures, est vécue comme un autre point positif en relation avec l’ouverture des frontières de l’espace Schengen et l’ouverture aux autres qui en résulte et favorise le changement des mentalités. Nous estimons que de plus en plus de gens se sentent Européens tout en gardant une identité propre.

 

L’édition récente d’un manuel scolaire d’histoire contemporaine commun à l’Allemagne et la France a été soulignée par un groupe d’élèves.

 

La monnaie unique autorise plus de facilité pour voyager, se rencontrer et la BCE aide à mieux gérer l’économie.

 

Le libre échange des marchandises et la meilleure intégration dans l’économie mondiale conduisent à une plus grande performance commerciale face aux autres ensembles économiques (EUA et Japon) ; la concurrence permet la délocalisation des entreprises vers les pays de l’Est de l’Europe bien que cela créée des tensions dans les pays anciens membres de l’UE. Cependant, à terme les différences devraient s’atténuer.

 

L’Europe unie favorise aussi le progrès scientifique, technique et industriel.

Les programmes Socrates, Erasmus Voltaire, le processus de Bologne (LMD) la possibilité d’étudier dans n’importe quel pays européen, les diplômes européens, l’équivalence des diplômes, les échanges scolaires pédagogiques, culturels et linguistiques ont retenu l’attention des acteurs du colloque.


2. D’après vous, quels sont les principaux échecs de cette construction ?

 

Après avoir mis en valeur les points positifs, les participants ont reconnu les limites du processus d’unification européenne.

 

Sur le plan institutionnel, l’échec de la ratification du projet de traité constitutionnel (refus de la France, des Pays-Bas et du Royaume-Uni) complique la vie à 25 alors que les textes actuels ont été faits pour 15 au maximum. Le texte du traité constitutionnel était trop compliqué pour les citoyens et aurait dû être partout adopté par les Parlements puisque les députés savent de quoi ils parlent, tandis que les citoyens manquent d’information sur le traité. Les participants ont regretté les désaccords politiques pour des raisons internes.

 

Selon nous, le Parlement européen n’a pas assez de pouvoirs par rapport à la Commission européenne. La prise de décision sera difficile avec 25 pays qui ont toujours à l’esprit la défense de leurs intérêts nationaux. L’échec d’une défense commune et d’une politique étrangère commune (divisions au sujet de l’intervention en Irak) en est la démonstration.

 

Au total, la permanence de l’europessimisme inquiète (France et constitution, RU Danemark et Suède avec l’€ alors que « personne ne devrait refuser l’€ », tous les pays ne sont pas encore membres de l’espace Schengen). Tandis que les élèves soulignent le manque de conviction des partisans de l’intégration européenne face à des pays qui ont peur de perdre leur identité culturelle. Enfin, l’absence d’une définition des frontières de l’Europe a été soulignée dans la mesure où elle renforce les craintes.

 

L’augmentation du coût de la vie, en particulier lors du passage à l’€ alors que les salaires ne suivent pas comme en Italie, a été retenue comme illustration du fait qu’une place trop importante a été donnée à l’Europe économique et en particulier monétaire, « si l’€ s’écroule, alors tout s’écroule ».

 

Ont été aussi remarquées, les difficultés économiques des pays moteurs les plus développés tels que France et Allemagne ; l’ouverture à l’Est qui pèse trop sur les budget des plus riches et provoque du chômage au début mais dans quelques décennies les pays entrés en 2004 auront commencé leur développement et l’équilibre sera rétabli ; la mise à niveau économique difficile des nouveaux entrants, surtout quand il y a de grandes différences internes comme celles que connaissent Italie du Nord et Italie du Sud. Cette difficile mise à niveau fait entrer des pays trop différents dans l’UE et permet parfois le développement de la corruption, du marché noir, des trafics. Enfin, la PAC qui favorise une production de masse et de moins bonne qualité en distribuant des aides qui ne sont pas toujours justes a été dénoncée ; une PAC qui absorbe une trop grande part du budget européen.

 

Pour finir, la permanence des barrières linguistiques inquiète car il n’y a pas de pratique suffisante d’une langue de communication, des différences de système scolaire (programmes, horaires…), « on se sent plus Français qu’Européen ». Trop peu de gens se sentent totalement européens, et il n’y a pas assez d’efforts dans la recherche scientifique tandis que les diplômes ne sont pas encore reconnus partout.


3. Comment imaginez-vous l’Europe au cours des prochaines années ?

 

Une Europe plus ouverte pour fonder un véritable esprit européen, mais on doit n’avoir qu’un seul but actuellement : fortifier l’Europe avant d’en poursuivre l’élargissement.

Il faut approfondir les politiques européennes d'intégration, éventuellement à plusieurs vitesses, pour que chacun avance à son rythme et que réussisse l’intégration des nouveaux entrants.

 

Une Europe pour tous, dans laquelle il sera plus facile de voyager, d’étudier dans un établissement scolaire ou universitaire d’un autre pays membre, d’obtenir un diplôme communément reconnu puis de travailler dans n’importe quel pays.

Une Europe dans laquelle il sera facile de se comprendre avec une langue de communication bien maîtrisée.

Une Europe de la recherche scientifique plus forte.

 

Une Europe dans laquelle chaque pays, chaque région aura gardé ses coutumes, traditions, valeurs : l’Europe des peuples, plutôt confédérale.

 

Un gouvernement européen avec des institutions stables, une représentation internationale commune et une armée commune.

 

Une Europe équilibrée économiquement et socialement, solidaire.

Une Europe intégrant les minorités y compris immigrées.

Une Europe connaissant la croissance économique, la baisse du chômage, des échanges florissants, une monnaie devenue réellement monnaie unique.

 

Une Europe respectant l’environnement, menant des actions humanitaires et faisant la promotion de la paix

 

Une Europe exemplaire.

 

Une Europe puissance face aux Etats-Unis d’Amérique.


4. Quels moyens concrets proposez-vous de mettre en oeuvre pour réaliser l’Europe telle que vous l’imaginez ?

 

Les participants proposent de développer les programmes permettant les échanges entre pays et ainsi favoriser l’apparition d’une culture européenne qui ne fasse pas disparaître les cultures locales. Mais aussi, d’organiser des rencontres entre jeunes Européens pour qu’ils se connaissent mieux (type colloque des jeunes de l’UCAPE).

 

Il faut impliquer les jeunes dans l’élaboration de ces programmes européens. Par exemple, créer un enseignement d’initiation à l’Europe à l’école en tant que matière à part entière qui permettrait de monter des projets et de les réaliser avec d’autres jeunes Européens pour découvrir et mieux connaître l’Europe. Une partie de ce programme s’organiserait autour des droits de l’homme.

 

Les diplômes reconnus à l’échelle européenne doivent assurer réellement l’égalité entre Européens. On doit développer l’apprentissage des langues depuis le plus jeune âge et en particulier d’une langue de communication commune pour faciliter échanges et tourisme. Enfin, harmoniser le plus possible les systèmes scolaires.

 

Sur le plan institutionnel, nous proposons de créer une confédération européenne avec des institutions contenues dans une nouvelle constitution en l’expliquant mieux. Dans cette constitution, encore plus démocratique, il y aurait un gouvernement européen représenté dans le monde par une seule personne type ministre des Affaires étrangères, et l’UE devrait créer une armée européenne avec des objectifs humanitaires et assurer le respect de la liberté religieuse à tous les niveaux : social, politique, scolaire…

 

Par une politique sociale adaptée, il faut redistribuer les richesses au moyen d’un salaire minimum européen, développer une politique nataliste, l’aide aux familles, l’intégration des handicapés.

 

A l’avenir, il faut intégrer plus étroitement le Royaume-Uni, étendre les programmes d’aide aux régions ou pays défavorisés, tandis que les futurs élargissements exigeront d’être bien préparés et approuvés par tous les pays (Turquie…). Les systèmes d’aide aux régions défavorisées en Europe aideront sélectivement celles qui en ont le plus besoin et leur permettre de rejoindre les plus développés et bénéficier d’un meilleur niveau de vie.

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Ci-dessous, deux affiches créées par les élèves du collège Guérard de Coutances

à l'occasion de la préparation du colloque.

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